""Une intégrale vibrante et contrastée: les cinq Concertos pour piano de Beethoven"
(dans L'Express et L'Impartial)


Interview

S’il déteste se mettre en frac, Marc Pantillon a adopté depuis longtemps la musique comme manière de vivre. Avec beaucoup de sensibilité et quelques « notes » d’humour, le pianiste neuchâtelois nous invite, sans cérémonies inutiles, à le suivre dans une brève incursion au cœur de sa sphère musicale.

Une carrière de musicien pour un Pantillon, n’est-ce pas une presque évidence ?
Oui et non… C’est sûr qu’il y a des prédispositions et un milieu favorable, mais dans l’autre sens, lorsqu’il paraît si évident de faire de la musique, il faut éviter de tomber dans les automatismes et de passer à côté de la passion. En ce qui me concerne, je suis passé par une période un peu révoltée, et je me suis promis que je n’allais pas faire de la musique par « piété familiale », mais par passion. J’ai alors hésité, et à 16 ans, franchement, je ne pensais pas que je deviendrais concertiste. Je trouvais le côté mise en scène, se mettre en frac, tout à fait ridicule (aujourd’hui encore !). Mais puisque les gens ont l’habitude de ça, eh bien, j’évite de mettre des chaussettes rouges !

Hormis des caractéristiques génétiques, qu’est-ce qui fait un virtuose ?
Je dirais que ce que l’on définit par « génétique » correspond plus à un bagage manuel, à un ensemble de réflexes tant musculaires qu’auditifs. Mais ce qui décidera que quelqu’un joue en public ou non, c’est un tempérament, une envie de communiquer. En outre, je n’aime guère le terme « virtuose », parce qu’on peut l’être, tout en étant ennuyeux. Ce mot a pris une trop grande connotation technique. Vous savez, beaucoup de gens jouent bien, mais peu se maintiennent dans l’intérêt du public ; parfois par manque d’originalité ou de communication.

Quelle est votre actualité de concertiste... Et vos projets ?
Entre autres, je travaille sur un grand projet pour l’année qui vient, soit l’intégrale des concertos de Beethoven, avec orchestre, au Victoria Hall de Genève. Nous jouerons également à Neuchâtel, La Chaux-de-Fonds, Pontarlier et Besançon, ainsi qu’au Centre sportif du Val-de-Travers !

Est-il difficile de se « vendre » en tant que musicien ?
Ce n’est pas toujours facile, mais cela tient au fait que je ne suis pas toujours très organisé !! Toutefois, dans le canton, je ne rencontre pas autrement de problèmes, étant donné que l’on me connaît, et mes propositions - comme les cinq concertos - sont généralement bien accueillies. Notez qu’en donnant des récitals dans la région, on obtient un retour des gens, et c’est extrêmement agréable. Je viens par ailleurs de réaliser mon propre site internet ; ce qui m’a beaucoup amusé !

Parlez-nous de votre choix de vous établir à Môtiers…
C’est un peu le hasard des petites annonces immobilières qui nous a conduits à Môtiers. Mais aussi le fait que mon épouse vient du Val-de-Travers, et que je me voyais bien vivre quelque part dans le Jura. De surcroît, Môtiers est un village très bien conservé, dans la nature, qui attire des artistes et des intellectuels. Je trouve ce mélange avec les gens du terroir, particulièrement réussi. De plus, la région me plaît, car je suis passionné d’ornithologie et de botanique. Le Val-de-Travers abrite une flore très diversifiée, et, lorsque je me promène, je me plais à essayer de repérer de nouvelles espèces.

« Votre » musique…
Je ne veux pas dénigrer les autres genres musicaux, mais ce qui n’est pas de la musique classique ne m’intéresse pas, car il me semble que l’on ne parle pas le même langage. Si la musique classique est difficile d’accès, à mon sens, elle apporte plus. Le reste me paraît distraction ; ce que je ne recherche pas. Pour un musicien, la musique doit révolutionner sa façon de voir le monde, de sentir les choses… Ce n’est pas un métier, mais une manière de vivre.

Propos recueillis par Annick Weber-Richard


Interview parue dans "Objectif Réussir


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